Ti bèt lanmè
Petites bêtes de la mer

La Martinique est devenue ma deuxième maison. Une partie de ma famille y vit et j’ai la chance d’avoir là-bas des amis extraordinaires qui partagent l’amour de la mer et du large. Parmi ces amis figure un pécheur qui habite Anse Dufour : Yves.

Un Martiniquais d’une cinquantaine d’année et d’une gentillesse aussi immense que son physique. La première poignée de main avec lui restera dans ma mémoire pour toujours : des mains de pêcheur du large capables d’impressionner Hemingway et Santiago eux-mêmes.

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« Hey grand qu’est ce que tu fais encore dans l’eau à cette heure ? » me lance-t-il

avec son accent créole inimitable depuis sa cabane sur la plage de sable blanc bordant la Caraïbes aux eaux transparentes.

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Un soir, comme beaucoup d’autres, j’étais assis à la table d’Yves sous le préau de sa cabane, accompagné de membres de ma famille, pour déguster du poisson frais et siroter un (ou deux) rhum(s). 

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A la nuit tombée, il nous lance : « Allez, on va faire un petit bain de mer ». 

Bien sûr je le suis sans hésiter. Une fois dans l’eau, il m’avoue qu’il aimerait bien voir les « ti bêtes »  qui nagent autour de nous. 

Je rigole en lui disant : « ca tombe bien ! tu es pote avec le seul mec capable d’éclairer tout Anse Dufour ! » 

En effet, ce jour-là j’ai dû filmer des poissons pour un client et j’ai encore tout mon nécessaire pour l’éclairage sous marin dans le coffre de ma voiture. 

Ni une ni deux, nous voilà quelques minutes plus tard à enclencher l’interrupteur des 2 phares de plongée… 

A peine, la lumière se diffuse dans l’eau que des milliers de poissons et de micro – organismes tournent et virevoltent autour de nous. 

En voyant cette multitude de petits animaux marins, je n’ai qu’une envie : les photographier pour les découvrir et montrer à Yves la richesse de cette mer que lui-même, qui a grandi sur cette plage, ne connaissait pas.

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Le reportage les « ti bèt lanmé » 

- Petites bêtes de la mer en Créole -

venait de naître dans mon esprit.

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Des difficultés techniques extrêmes  

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Prendre des photos sous-marines d’animaux de seulement quelques millimètres qui se déplacent dans la couche d’eau et non au fond, de nuit, en apnée … c’est un défi qui m’a pris des heures … et des heures.

Chaque soir, j’entendais Yves qui me lançait son fameux :  « Hey grand ??! ..... ? » lorsqu’il  allait rejoindre son lit.

 

Parfois, les problèmes techniques étaient tels que j’ai dû me résoudre à monter un studio photo sur la plage. Je capturais les petits organismes et les plaçais en situation dans ce studio improvisé sur les casiers de pêche de mon ami. J'allais ensuite les relâcher dans leur milieu en pleine forme, en les remerciant et en leur souhaitant une très longue vie dans la Caraïbe. 

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Les couleurs, les formes et les détails découverts en post traitement m’ont vite fait oublier les nombreuses heures passées dans l’eau ainsi que les innombrables loupés qu’il m’a fallu pour en arriver à vous faire découvrir cette vie de la nuit cachée de la vue de tous.